Virginie est une créatrice et productrice de savons saponifiés à froid de Roubaix. Elle a créé sa marque en 2015 et propose aujourd’hui 9 savons. Ce sont des produits artisanaux, 100% naturels et vegan et qui en plus de laver sont aussi de véritables soins pour la peau.

Le nom MöBiUS vient du célèbre ruban à une face inventé par August Ferdinand Möbius. Cette surface à un seul côté est devenue plus tard le symbole de l’infini et celui du recyclage. Vous pouvez le voir sur le packaging des savons. La créatrice a choisi ce nom symbolique car elle “utilise des produits qui viennent de la terre et repartent à la terre.”

Il y a quelques semaines, j’ai eu l’occasion de faire un atelier pour apprendre à faire des savons saponifiés à froid avec elle. J’ai adoré cet atelier, et suite à cela, je lui ai proposé que l’on se rencontre pour échanger un peu plus et l’interviewer afin de vous faire découvrir ce qu’elle fait, ses engagements, ses produits, etc.

> Zoom sur la saponification à froid
> Vivre de sa passion sans se poser de questions
> Un changement de consommation progressif
> Une créatrice engagée
> Des projets plein la tête…
> Ce que je retiens de cette rencontre
> Où trouver MöBiUS ?

Zoom sur la saponification à froid

Avant toute chose, faisons une petite parenthèse sur le sujet pour mieux comprendre de quoi il s’agit. Il existe plusieurs techniques pour fabriquer des savons, tous ceux de Virginie sont des savons saponifiés à froid.

De manière simplifiée, la réaction chimique pour représenter la saponification à froid est en fait : huile végétale + hydroxyde de sodium (soude caustique) = savon + glycérine. A cela, on peut ajouter des huiles pour surgraisser, des plantes, des huiles essentielles, etc.

Cette technique a de nombreux avantages et permet notamment :
de préserver les bienfaits des principes actifs utilisés qui ne subissent aucune altération par la chaleur car tout est fait en dessous de 40°C,
de préserver la glycérine qui est produite lors de la transformation et qui va permettre d’hydrater la peau et d’avoir un savon doux,
de surgraisser le savon en ajoutant des huiles lors de la préparation afin de protéger la peau et la nourrir.

Vivre de sa passion sans se poser de questions

Tout a commencé avec la fabrication d’un premier savon : “Je n’en avais plus et je ne voulais plus consommer dans le commerce donc je me suis dit que j’allais essayer d’en fabriquer un. J’ai commencé à regarder des vidéos sur internet pour comprendre la fabrication. Après, j’ai acheté des livres et je m’y suis mise. Mon tout premier, c’était un 100% huile d’olive qui ne moussait pas du tout !”

A ce moment-là, Virginie était designer textile, elle faisait des écharpes pour des marques de mode de luxe. Et puis sa passion pour les savons a pris de l’ampleur : “après avoir fabriqué des savons pour moi, ma famille et mes amis pendant environ 2 ans, j’ai décidé, suite aux retours que j’avais eu, de partager mes propres créations et de les vendre.” Elle s’est formée de manière autodidacte pour toute la partie technique et a dû suivre une formation pour la partie réglementaire qu’elle ne connaissait pas.

On pourrait croire que ce changement d’activité a engendré une période de fortes interrogations et de doutes, pourtant ce n’est pas du tout le cas de Virginie : “J’ai eu une phase de transition entre mon ancien travail et le début de mon activité, le temps d’avoir les idées, de faire les formulations, etc. Après mon boulot de designer textile, je me suis dit que j’allais faire ce que j’avais vraiment envie de faire. Je ne me voyais pas faire autre chose. Je vis au maximum le moment présent et du coup je ne me suis pas trop posée ces questions. Je me suis lancée, au début ma famille me prenait pour une folle. Je leur disais que c’était une bonne folie. J’aime aller au bout de ce que j’ai envie de faire et j’y croyais. C’est sûr que je n’ai pas imaginé que j’allais être plus chef d’entreprise que fabricante, ça on ne l’imagine pas. Pour moi c’était un rêve de formuler des savons. Aujourd’hui je crée beaucoup moins car je dois assurer la production mais cela me plait toujours autant. ”

Un changement de consommation progressif

Cette sensibilité très forte à la nature, à l’environnement, aux animaux, elle la tient notamment de son père et son conjoint : “Depuis toute petite mon père nous a fait baigné dans les huiles essentielles, pas dans le sens propre du terme bien sûr [rires]. Dès que l’on avait un petit bobo il nous préparait un remède à base d’huiles essentielles, de plantes, etc. Après, mon conjoint travaille dans l’environnement et il m’a aussi beaucoup sensibilisé.”

A un moment de sa vie, Virginie a commencé à vraiment s’intéresser à ce qu’elle consommait et a eu une vraie prise de conscience : “J’ai commencé à lire toutes les étiquettes des produits alimentaires et cosmétiques que je voulais acheter. Pour faire de minuscules courses je passais 3 heures dans les grandes surfaces parce que je lisais toutes les étiquettes. Je ne voulais rien consommer de chimique. Maintenant j’arrête d’aller dans les grandes surfaces parce que je trouve que la majorité des produits qui y sont vendus ne sont pas sains. Je fais mes courses uniquement en circuit court. Ce changement de consommation s’est fait petit à petit. Quand on rentre dans la vie active, que l’on a pas trop d’argent, ou quand on est étudiant, on ne fait pas trop attention à ce que l’on ingère et ce que l’on se met sur la peau. “

Une créatrice engagée

Virginie a pour objectif de “proposer des alternatives saines et les plus “zéro déchet” possibles.”

Peu importe le temps que cela prendra, l’idée est d’avoir des produits très qualitatifs : “je continue à chercher jusqu’à ce que je trouve la bonne formulation. Cela peut prendre 3 ou 4 ans pour un seul produit. Il faut le formuler, le fabriquer, le faire tester par plusieurs personnes puis modifier la formule en fonction des retours, etc.”

Dans tous les choix qu’elle doit faire, de la recherche des matières premières à la vente, elle attache une grande importance à la promotion du local. Elle essaie “de vendre localement et d’utiliser un maximum de plantes qui viennent d’ici.” Pour certaines huiles dont elle a besoin en grande quantité ou pour des végétaux qui poussent au soleil elle est obligée de se fournir à l’étranger, mais dès qu’elle le peut, elle choisit des produits français et au plus près de Roubaix. “Les légumes et les plantes médicinales que j’utilise en macérâts dans mes savons viennent de l’AMAP dont je suis adhérente, d’autres producteurs locaux, et à l’avenir vont pouvoir je l’espère pousser à Roubaix.”

La majorité des matières premières utilisées sont bio, et dès que possible, elles ont le label du commerce équitable.

Des projets plein la tête…

Premier projet en cours, Virginie est actuellement en train de faire des recherches pour proposer une alternative saine et zéro déchet à chaque produit que l’on utilise dans la salle de bain.

“J’aimerais aussi créer une deuxième marque qui serait fabriquée à partir de produits de Roubaix et pas forcément bio parce que les petits producteurs locaux n’ont pas toujours les moyens de s’acheter le label. L’idée serait d’avoir une gamme de produits naturels, sains, locaux et assez simples avec deux ou trois ingrédients. Il y aurait entre autres des savons qui pourraient être utilisés aussi bien pour la peau que dans la maison.”

Ce que je retiens de cette rencontre

Virginie est une femme vraiment passionnée et qui fait ses savons avec le coeur. C’est un réel plaisir de voir une personne s’investir pour vivre de sa passion et pour la partager en étant en accord avec ses convictions et ses croyances. Ses engagements sont visibles dans tous les choix qu’elle fait pour produire ses savons et les vendre et je trouve que cela mérite d’être valorisé.

Je vous invite à aller découvrir ses savons qui sont aussi beaux qu’agréables à utiliser. Ils laissent la peau douce et ont des odeurs à tomber… Vous l’aurez compris, je suis conquise ! Si vous avez des à priori sur les savons je vous conseille vraiment de tester, je suis convaincue que vous ne pourrez plus vous en passer.

Où trouver MöBiUS ?

> Le site de MöBiUS
> La page Facebook MöBiUS
> Le compte Instagram MöBiUS

Crédit photos : MöBiUS